6 - Agriculture et environnement

Les agriculteurs qui ont su façonner la beauté du bocage normand, des vignes de Banyuls, sans oublier les paysages merveilleux de Toscane, d’Andalousie, du Connemara ou encore de la vallée du Douro, sont maintenant accusés de détruire l’environnement. 
Note n° 6 - 31 octobre 2024

Les agriculteurs qui ont su façonner la beauté du bocage normand, des vignes de Banyuls, sans oublier les paysages merveilleux de Toscane, d’Andalousie, du Connemara ou encore de la vallée du Douro, sont maintenant accusés de détruire l’environnement. 

Face aux signaux envoyés par des prix agricoles en chute libre, la seule réponse possible pour les agriculteurs a été la spécialisation dans les dernières productions rentables par l’intensification et la massification. La spécialisation des assolements limite le nombre de cultures. La concentration d’une culture favorise la multiplication des mauvaises herbes, des maladies cryptogamiques, des ravageurs mais aussi le recours à la phytopharmacie…

Face aux aléas climatiques, la raréfaction des agriculteurs et leur manque de disponibilité est très préjudiciable pour agir et réparer dans l’urgence. Développer des cultures d’été et fourragères comme la luzerne est le meilleur levier dont dispose l’agriculture en faveur du climat en favorisant l’hygrométrie par l’évapotranspiration. Les surfaces de luzerne, une culture très écologique, ont été divisées par 10 en France. Depuis 5 ans, l’UE est devenue le premier importateur mondial de maïs.

Encourager l’utilisation des produits de biocontrôle à la place de produits phytopharmaceutiques ou vétérinaire de synthèse serait envisageable avec des conditions économiques favorables. Le développement des techniques d'agriculture de conservation des sols et d'agriculture écologiquement intensive nécessite de laisser aux agriculteurs une grande liberté d’action. 

L’UE a délocalisé sa production de protéines végétales sur le continent américain où le soja a remplacé la luzerne, elle est devenue le premier importateur mondial de soja. Le tourteau OGM arrivant du continent américain, les élevages de porcs et de volailles se sont concentrés aux plus près des ports pour bénéficier d’avantages comparatifs. C’est pour cette raison que l’on trouve de nombreux élevages hors sol de porcs en Catalogne, en Bretagne et aux Pays-Bas. 

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Soja, huile de palme, cacao, caoutchouc, café… Importés sur le sol de l’UE,. © Rapport Vito, IIASA, Cicero / Commission Européenne 2008  

Les problèmes de spécialisation sont les mêmes dans les pays producteurs de soja où la culture de cette fève est devenue presque une monoculture. Le manque de diversité des cultures a des répercussions sur la biodiversité. 

Le gouvernement brésilien et nos industries agroalimentaires ont réussi à faire du lobbying auprès de Bruxelles qui repousse une législation contraignante sur la déforestation qui devait être mise en place en 2025. Les principaux dommages environnementaux résultent pourtant du libre-échange !

Il n’y a pas autant de mansuétude avec les paysans européens. Bruxelles, depuis la Dillon Round au GATT de 1962, n’a pas soutenu le développement des cultures produisant des huiles et des protéines végétales et depuis quelques années la Commission reproche à nos agriculteurs d’être en monoculture de céréales : c’est tyrannique !

De même, les agriculteurs européens sont victimes de la double peine, écartelés entre de stupides contraintes environnementales et des prix de marchés alignés sur le dumping des importations.

Que ce soit au Grenelle de l’environnement, avec le Green deal ou dans la défense de la biodiversité, on en demande toujours beaucoup plus à l’agriculture qu’aux autres secteurs…

Dans les livres scolaires de géographie, les pages consacrées à l’agriculture sont toutes à charge ; on n’y parle que de pesticides, de gaspillage de l’eau, d’érosion des sols.

En cas d’atteinte à l’environnement, la loi d’orientation agricole projette d’envoyer les agriculteurs en stage de sensibilisation, comme on envoie les voyous faire des travaux d’intérêt généraux. C’est de l’écologie punitive infantile ! La France est la championne des taxes et normes. Ne serait-il pas préférable d’orienter la recherche vers des solutions vertueuses en faveur de l’écologie ?

Une politique agricole souveraine devrait permettre de faire rentrer dans l’ordre tous ces problèmes sans que l’on mette un agent de l’OFB derrière chaque paysan. Réorienter nos assolements en les diversifiant et redéployer les élevages sur les territoires pour répondre aux besoins alimentaires de notre population européenne est possible si l’on envoie de bons signaux aux agriculteurs. 

L’agriculture biologique

L’agriculture biologique a permis, des années 2000 à 2022, à des agriculteurs de retrouver de la valeur ajoutée et du plaisir dans leur métier. Elle est aujourd’hui en crise car le pouvoir d’achat des français baissant, ils reportent leur consommation sur des produits de premier prix. 

L’agriculture biologique est un laboratoire qui, par transfert de technologies, doit contribuer à améliorer des pratiques de l’agriculture conventionnelle.

Elle est en général moins productive que l’agriculture conventionnelle, cette différence est faible pour la production laitière mais, en blé, les rendements sont divisés par 2,5. Les produits issus de l’agriculture biologique sont donc plus chers. La généralisation de l’agriculture biologique éloignerait encore plus l’UE de son indépendance alimentaire. 

En France, nous avons dépassé, le taux maximum raisonnable de surfaces converties à l’agriculture biologique par rapport au marché potentiel. Il y a de nombreuses déconversions d’agriculteurs qui reviennent en conventionnel.