1 - Analyse et impact sur l’agriculture européenne
les calculs aboutissant à ces chiffres peuvent être transmis
Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay sont les gros producteurs d’Amérique latine de soja et de viande de bœuf. La volaille, le sucre et son dérivé l’éthanol, sont plus des productions brésiliennes.
Que représentent en termes de délocalisation de surfaces agricoles les contingents d’importations contenu dans l’accord du Mercosur ? On peut également exprimer ces importations par le remplacement de la production d’un nombre d’agriculteurs français ou européens.
99 000 t de viande bovine = la production de 330 000 ha, soit le volume produit annuellement par 5 000 agriculteurs. Ce contingent sera importé sur l’ensemble de l’UE, mais, pour donner un ordre d’idée de l’importance, cela représente toute la surface agricole d’un département français et toute la production de ses agriculteurs.
180 000 t de volaille représentent la production de 1 200 petits éleveurs français sous labels. Ce sont ceux-là qui font de la qualité qui disparaissent en ce moment à cause de la concurrence des importations à bas prix.
Si ces 180 000 t de poulet continuaient à être produites en Europe, elles consommeraient 460 000 t de céréales, soit la production de 60 000 ha, ou l’équivalent de la production de 500 fermes céréalières qui seront vouées à la jachère ou condamnées à continuer à produire en réexportant sur le marché mondial à bas prix ces quantités qui ne seront plus consommées sur le marché local.
180 000 t de sucre et 8,2 millions d’hl d’éthanol issus de la canne à sucre représentent la production de 110 000 ha de betterave sucrière. Ce serait donc 6 000 planteurs de betteraves qui devraient arrêter cette culture historiquement rémunératrice.
Au total cet accord impacte un demi-million d’hectares dont la production sera délocalisée en Amérique du Sud et mettra au chômage plus de 12 000 agriculteurs. C’est comme si l’on rayait de la carte presque 2 départements agricoles français. L’accord de libre-échange signé par le Conseil européen (sans possibilité d’intervention des Etats-membres) avec la Nouvelle Zélande en novembre 2023 représentait déjà la production d’un département.
Ce ne sont que de nouvelles concessions car les importations de ces produits augmentent déjà régulièrement mais le Mercosur va faire croître d’environ 25 % d’un coup les importations de ces 4 produits.
En réalité, ce sont tous les agriculteurs qui vont être impactés car les volumes importés à bas prix pèsent sur l’ensemble de la production européenne et, plus grave, déstabilisent complétement les marchés.
L’UE étant le marché le plus riche au monde, tous les pays tiers souhaitent y vendre leurs productions. Ce seront les morceaux nobles de viande bovine (aloyau) qui seront importés via le Mercosur. Ces morceaux qui représentent 9 % du poids d’une carcasse, fournissent 31 % de la valorisation de l’animal aux éleveurs français. Les importations pèseront sur un marché déjà excédentaire, feront donc baisser les prix de la viande bovine de qualité et devront donc être réexportées. Il n’y aura aucun effet sur le pouvoir d’achat des familles modestes car la viande bovine issue des vaches laitières de réforme représente plus de 60 % du marché. Ce seront les éleveurs de vaches allaitantes, ceux qui ont déjà les plus faibles revenus et les plus grandes surfaces de prairies qui seront encore une fois lésés. Le nombre de têtes de bovins viande baisse déjà de 2 à 3 % par an.
Il n’existe pratiquement aucune traçabilité sur les animaux au Brésil ; il est donc impossible de mettre des clauses miroirs. Des antibiotiques sont utilisés comme activateurs de croissance, ce qui est illégal au sein de l’UE. Les animaux d’élevage consomment du soja et du maïs OGM résistants aux herbicides qui sont donc utilisés en quantités beaucoup plus importantes qu’au sein de l’UE.
Le gouvernement brésilien et nos industries agroalimentaires ont réussi à faire du lobbying auprès de Bruxelles qui repousse une législation contraignante sur la déforestation qui devait être mise en place en 2025.
Les « fazendas » et les « estancias » ont des milliers d’hectares et élèvent des milliers de bovins alors qu’en France l’opinion publique est opposée à l’agrandissement foncier et aux fermes de mille vaches. Pourquoi favoriser ailleurs un modèle de développement agricole que nous réfutons ?
D’un point de vue environnemental, agricole et social rien n’est acceptable dans cet accord. C’est l’accord de trop qui met le feu dans les campagnes.
Ce que souhaite l’UE, en contrepartie, c’est de vendre des automobiles, surtout allemandes et avec de gros moteurs thermiques, en Amérique du sud.
Pourquoi mettre en péril notre modèle agricole et notre ruralité pour des bagnoles ? On marche sur la tête !
Dans chaque accord de libre-échange, c’est l’agriculture européenne qui est la monnaie d’échange. A terme, il faut arriver à sortir l’agriculture et l’alimentation des accords commerciaux car chaque pays doit être souverain sur ces sujets.
Arrêtons d’accélérer la disparition de nos paysans !
L’agriculture subit déjà et dans un silence assourdissant un grand plan social.
Cette fois, c’en est trop, la France n’a pas d’autre alternative que de mettre son véto !
Regardez cette interview d’Agnès Pannier-Runacher, Ministre déléguée auprès du Ministre de l’agriculture du 04 novembre 2024 sur le Mercosur.
Madame Pannier-Runacher est d’une mauvaise foi impressionnante à la foi sur le Mercosur et sur la PAC. Les chiffres qu’elle avance dans cette vidéo sont faux. La France n’exporte que très peu de vins vers les pays du Mercosur où l’Argentine produit de bons vins très compétitifs. Elle oublie que nous sommes dans un marché européen. Les exportations de « calories » de l’agriculture française se font majoritairement sur le marché de l’UE pour lequel l’accès se fait librement et naturellement.